Au Sénégal, l'Etat cherche à améliorer la qualité de l'enseignement coranique

8:08 - June 22, 2023
Code de l'info: 3485045
DAKAR(IQNA)-L’État sénégalais a décidé de s’impliquer fortement pour l’amélioration de la qualité de l’enseignement coranique.

Construction d’écoles et recrutement de professeurs d’arabe sont notamment au programme de ce projet porté par le président Macky Sall.

Le Sénégal, pays d’Afrique de l’ouest composé à plus de 90 % de musulmans, a lancé le recrutement de « 500 professeurs d’arabe » pour l’année scolaire 2023-2024. Il concerne « des jeunes, diplômés du baccalauréat arabe, et âgés entre 18 et 30 ans ».

L’État du Sénégal multiplie les gestes à l’endroit de l’enseignement arabe, jusqu’alors « négligé » selon certains. En novembre dernier, le chef de l’État sénégalais Macky Sall a reçu les fédérations des associations de maîtres coraniques. À cette occasion, il avait annoncé le recrutement et la formation de 665 maîtres coraniques pour les écoles coraniques préscolaires, la formation de 76 maîtres coraniques et celle de 1 581 membres de comité de gestion des écoles coraniques.

Il avait également informé de la création d’un « bureau d’assistance » aux écoles coraniques et aux diplômés arabes. Macky Sall avait aussi institué le « prix du président de la République pour le récital du saint coran ». Il s’est par ailleurs engagé à « construire des écoles coraniques modernes ».

En outre, l’État travaille à la mise en œuvre de mesures relatives à la finalisation d’un cadre juridique et réglementaire des écoles coraniques, au développement des offres de formation qualifiante pour les sortants des écoles coraniques et la prise en compte d’établissements dans les filets de protection sociale.

Réactions
Cette attention particulière est bien saluée dans les cercles musulmans. Ainsi Mor Daga Sylla, musulman de la confrérie soufie des mourides, souligne que « cette prise en charge procède de l’équité parce que pendant longtemps, l’enseignement coranique a été quelque peu négligé ».

Certains pensent aussi que cette démarche étatique peut être une solution dans la lutte contre l’extrémisme. Elle permet, à leurs yeux, de mieux encadrer les jeunes. « Nous pensons que les jeunes pourront bien être formés dans nos valeurs islamiques », a réagi l’imam Makhtar Ndiaye. Le conférencier islamique dit qu’« il y a de plus en plus de gens qui remettent en cause la crédibilité des imams, des guides religieux ».

Pour sa part, l’imam Mouhamadou Makhtar Kanté estime que « la prise en charge de l’enseignement coranique et le recrutement d’enseignants dans le secteur répondent à une question d’équité sociale pour toute personne qui a le niveau requis ». Toutefois, le religieux reconnaît que « le chômage, l’oisiveté et le manque d’emploi peuvent amener un jeune qui maîtrise l’arabe à accéder à des discours extrémistes via les réseaux sociaux ».

L’imam Kanté fait savoir que la lutte contre l’extrémisme religieux nécessite « un curriculum sur l’enseignement religieux qui permet un enseignement équilibré et authentique de l’Islam, contraire à un islam qui appelle à la violence arbitraire, aveugle, au terrorisme ». Il estime enfin que l’extrémisme est « un état d’esprit qu’il faut savoir comprendre et combattre ».

Le Sénégal compterait selon les estimations, plus de 20 000 écoles coraniques.

la-croix

captcha